Nurseries Artificielles Pour des Ports Exemplaires (NAPPEX)

L’ingénierie écologique repose sur un principe d’utilisation du vivant, animal et végétal et plus globalement de moyens et de processus naturels, pour préserver, restaurer ou gérer les écosystèmes, en répondant de manière efficace à divers objectifs écologiques, économiques et sociaux. (Astee, 2018). L’ingénierie écologique représente ainsi un levier d’action pour atteindre plusieurs des vingt objectifs de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB) 2011-2020, en particulier en ce qui concerne la restauration des écosystèmes et de leur fonctionnement. Bien que très récente, l’ingénierie écologique en milieu marin a depuis 5 ans, sous l’impulsion notamment de l’Agence de l’Eau RMC, du Pôle Mer Méditerranée et des collectivités locales, vu se développer de nombreux projets de R&D qui ont été menés pour définir des solutions techniques per­mettant de restaurer certaines fonctions écologiques perdues, notamment sur les zones littorales.

En effet, et malgré les larges efforts consentis depuis les années 1980 en ma­tière de lutte contre la pollution et de maîtrise des pressions pouvant affecter les fonds marins, certains linéaires côtiers présentent encore un état écologique très dégradé. C’est en particulier le cas des petits fonds côtiers, qui abritent les habitats de nurserie, essentiels aux cycles de vie des poissons côtiers, mais qui sont souvent en conflit d’usage avec les aménagements humains (zones portuaires, ouvrages de protection, émissaires).

Photo sous-marine poissons sortant d'une Biohut (module en acier rempli d’un «substrat coquillé» entouré de modules refuges)

La réhabilitation de la fonction écologique de nurserie fournie par des habitats tels que les Biohut® (module en acier rempli d’un «substrat coquillé» entouré de modules refuges) a été validée scientifiquement dès 2015 et renforcer en 2017 suite à deux projets d’équipement d’infrastructures artificielles dans des ports de plaisance (M. Bouchoucha et al. 2016) et dans des ports de commerce (M. Mercader et al. 2017). Trois travaux de thèse et plusieurs publications (Cf liste bibliographique) confirment l’intérêt de complexifier les surfaces artificielles lisses des infrastructures portuaires avec des habitats artificiels de type Biohut® afin d’enrichir la biodiversité marine, notamment en termes de juvéniles de poissons et de faune et de flore associées.

Biohut (module en acier rempli d’un «substrat coquillé» entouré de modules refuges)

Plus de 175 espèces de faune marine (poissons et invertébrés) ont été recensées avec des abondances en post-larves de poissons et en juvéniles de l’année 6 fois supérieure sur les zones équipées que sur des zones non équipées.

Ces résultats obtenus à l’intérieur des ports nous ont poussés à élargir notre gamme de solutions pour d’autres types d’infrastructures. Ainsi, dans le projet NUAMCE (lauréat 2015 du PIA-PME Biodiversité), qui s’est achevé fin 2017, Ecocean a pu y développer de nouveaux habitats artificiels dédiés cette fois aux digues en enrochement ou en acropodes, aux lignes de mouillages ou encore à cercler autour d’un émissaire.

Bateau installant une Biohut

Les gestionnaires des ports du futur ont aujourd’hui à leur disposition une gamme d’habitats adaptés aux différentes infrastructures marines, afin de réduire leurs impacts sur l’environnement en favorisant le développement de la biodiversité présente autour de leur infrastructure. Dans la mesure où les robinets de la pollution ont été fermés (ou fortement réduits), nous sommes convaincus que chaque infrastructure portuaire peut devenir un abri pour la biodiversité marine, et particulièrement pour les jeunes stades de vie des poissons.

Les ports de plaisance mais également les ports de commerce doivent être considérés comme de « nouveaux écosystèmes » prometteurs, assurant une continuité écologique et une connectivité entre des zones naturelles isolées, plutôt que comme des zones mortes et inutiles.

C’est ainsi que 20 ports de plaisance – 8 en Occitanie, 2 en Corse, 9 en PACA et 1 au Maroc- ainsi que 2 ports de commerce se sont déjà engagés dans une démarche NAPPEX (Nurseries Artificielles Pour Ports Exemplaires).et Près de 2200 modules Biohut® (tous types confondus) ont déjà été installés.

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Gilles Lecaillon, Président d'écocean

Photos Rémy Dubas

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